"La Belgique n'existe plus"

http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/03/19/yves-leterme-prend-la-tete-d-une-fragile-coalition-de-gouvernement-belge_1024947_3214.html#ens_id=926038

Le lien ci-dessus vous dirige vers un article du Monde en date du 20 mars 2008 dont voici reproduits les deux derniers paragraphes :

"L'équipe Leterme est, de facto, en sursis jusqu'au mois de juillet : c'est le délai fixé par le parti démocrate-chrétien flamand CD & V pour la réalisation d'une réforme institutionnelle "significative". Ses alliés de la NVA, indispensables à l'obtention d'une majorité du côté flamand, ont décidé de s'abstenir d'une participation au gouvernement, histoire d'afficher leur défiance sans toutefois rompre le "cartel" qu'ils forment avec le CD & V. Il y a quelques jours, Bart De Wever, président de ce parti, a estimé, dans La Libre Belgique, que "le pays n'existe plus" et qu'il est déjà composé de "démocraties tout à fait autonomes".

M. de Wever juge que les premières réformes institutionnelles adoptées en février sont insuffisantes et ont été négociées par "des gens qui n'étaient d'accord sur rien". Ce diagnostic sur la cohésion de la majorité est corroboré par le francophone Josly Piette, ministre de l'emploi dans le gouvernement intérimaire : il juge que la défiance entre les cinq partis est "gigantesque" et évoque "des attaques incessantes, des accusations généralisées, des couteaux tirés". " Jean-Pierre Stroobants

"le pays n'existe plus" et qu'il est déjà composé de "démocraties tout à fait autonomes". : c'est effectivement l'impression que donne le pays au nouveau venu que je suis. A titre d'exemple, la SNCB (équivalent belge de la SNCF) a été scindée en deux sociétés indépendantes, une flamande et une wallone. Pourtant si vous posez la question à des bruxellois, wallons ou flamands, ils sont persuadés que dans 10 ans la Belgique sera toujours exactement la même, composée de deux peuples chamailleurs mais liés, et que les troubles actuels ne sont que le fait des politiciens. Il me semble pourtant que le mal est plus profond et tient pour beaucoup à un problème linguistique. Contrairement au Québec, il n'y pas de bilinguisme obligatoire. C'est même plutôt l'inverse. Les documents officiels sont, selon la localisation de l'administration émettrice, soit en flamand, soit en français. Pire, si vous êtes de la communauté linguistique minoritaire dans une commune, vous n'avez pas le droit de vote aux élections locales, ce qui dans un pays qui héberge la capitale de l'Union Européenne soulève de sérieuses interrogations. Les wallons (francophones), qui semblent aujourd'hui être ceux pour qui une scission serait la plus préjudiciable, ont leur part de responsabilité dans ce constat : si le français est obligatoire dans les écoles flamandes, la réciproque n'est pas vrai. Mon sentiment est qu'à terme, il y aura deux territoires complètement séparés, avec chacun leur gouvernement, ayant en co-gestion Bruxelles et avec pour ultime lien fédérateur un roi symbolique, mais même plus la fameuse équipe de foot belge des Diables Rouges. On en n'est pas très loin.